L’hypnose Ericksonienne, nouvelle mode ou réelle approche thérapeutique ?

Un article écrit par Olga Belo-Marques, enseignante certifiante en Hypnose ericksonienne et coordinatrice de l’Ecole PNL et Hypnose ericksonienne au CFIP.

 

Depuis quelques années, l’hypnose a repris les devants de la scène, d'une part avec l’arrivée d’hypnotiseurs de spectacle qui nous montrent à quel point nous sommes soumis.e.s à la suggestion, d'autre part, avec les nouvelles découvertes scientifiques sur les pouvoirs du cerveau et sa plasticité qui permet de reprogrammer des connexions neuronales et ainsi trouver le chemin de nouvelles habitudes (addictions, réactions irrépressibles, stratégies mentales, etc). L’hypnose médicale, quant à elle, a gagné du terrain au sein des hôpitaux et est aujourd’hui utilisée dans de nombreux accompagnements pré et post opératoires rendant la guérison plus rapide et sans effets secondaires liés aux anesthésies.

Quelle est donc cette vague d’engouement autour de l’hypnose ? 

Elle provient d’un renouvellement de l’intérêt pour le cerveau et son niveau inconscient. Renouvellement et non "découverte", car cela nous relie aux origines de la psychologie et de la psychiatrie.
Au XIXème siècle, certains médecins comme le grand professeur Jean-Martin Charcot (1825- 1893) à Paris ou le professeur Hyppolite Bernheim (1840-1919) à Strasbourg et à Nancy, sont fascinés par les bizarreries de l’esprit. Ils étudient minutieusement les comportements étranges qui y sont associés comme les paralysies, les spasmes, les endormissements irrépressibles et le somnambulisme. Si pour Charcot, ces réactions anormales étaient l’expression d’une maladie mentale liée à la biologie féminine, l’hystérie, pour laquelle il fallait des interventions au niveau du corps, pour Bernheim il s’agissait plutôt d’une maladie chimique cérébrale qui pouvait être soignée par la suggestion hypnotique.

Sigmund Freud et bien d’autres médecins de toute l’Europe accouraient à Paris et à Nancy pour observer et comprendre ce qui se passait chez ces malades. C’est au cœur de ce phénomène que la discipline de la psychothérapie est née à l’hôpital de Nancy et que la neurologie a vu le jour à l’Hôpital Salpêtrière. Mais c’est aussi dans ce dernier que l’hypnose est devenue un spectacle incontournable de la mondanéité parisienne. En effet, le Professeur Charcot ouvrait ces portes tous les mardis soirs pour montrer comme utiliser l’hypnose, non pas pour guérir ces femmes souffrantes, mais pour provoquer des états seconds où il était possible de les voir altérées, sensiblement folles et totalement possédées. C’est également pendant ces leçons du mardi soir que le professeur Charcot a développé l’idée d’une pathologie propre au juif errant, c’est-à-dire une maladie du stress héritée de génération en génération.

Bref, l’hypnose a commencé sur des bases effrayantes ! Sans compter que la classification des maladies mentales, dont le professeur Charcot est un des pionniers, va adopter de plus en plus une démarche rationnelle et médicale et abandonner les expérimentations sans fondements scientifiques ni connaissances exactes.  Ce que le cerveau est capable de produire ou faire, ce fut l’objet principal de la psychanalyse dont la cure de l’inconscient était la parole consciente.

Certains praticiens et auteurs européens comme Leon Chertok, Jean Godin, François Roustang, ont continué à utiliser l’hypnose, considérée pendant des années par le grand public comme une approche obscure et insalissable. Milton Erickson, médecin psychiatre aux Etats Unis, était quant à lui affranchi des querelles des écoles européennes.  Il a pu, dès les années 30, commencer à exercer en tant que psychiatre non pas en prescrivant des médicaments comme il était habituel, mais en utilisant "la suggestion" précisément. La liberté du continent américain n’était pas non plus un champ infini d’acceptations. Le Pr. Erickson était considéré comme un médecin original, un peu fantaisiste. Mais sa pratique donnait des résultats tellement extraordinaires qu’au fur et à mesure des années, il fut convié à participer à des congrès de médecins afin de présenter les cas de guérison.

Cependant, Milton Erickson n’a presque rien écrit. Nous avons pu découvrir sa pratique au travers des quelques dizaines de volumes, dans lesquels sont retranscrits ses cours, conférences, interviews et observations de psychiatres et psychothérapeutes. Au fur et à mesure qu’Erickson devenait célèbre, de nombreux professionnels de la relation d’aide se sont déplacés chez lui pour le voir exercer et accueillir ses enseignements. Celui qu’on appelle souvent "Le magicien du Phoenix", l’état où il habitait, est devenu une référence majeure de la guérison par la parole. Il est souvent considéré comme le père des thérapies orientées solution : l’hypnose moderne, la thérapie brève systémique, la thérapie cognitivo-comportementale, la PNL, la sophrologie.

Il a fallu les débuts des années 1980-90 et l’avancée de l’imagerie cérébrale pour que les méthodes de Bernheim commencent à nouveau à avoir du sens et que les pratiques de Milton Erickson traversent de manière définitive l’océan. L’idée que l’influence par la parole puisse produire des changements inconscients durables est désormais expliqué par l’activité de certaines aires du cerveau et d’une fréquence électrique bien précise entre le sommeil et la veille. En effet, il suffit d’un état de conscience légèrement modifié pour que l’accès au monde inconscient soit plus facile.  De plus, l’état hypnotique est un état naturel que l’on visite plusieurs fois par jour, voire par heure, sans même nous en rendre compte. C’est le cas de nos distractions en réunion, de nos divagations au volant, de notre focalisation en regardant un film, un feu de cheminé, les vagues de la mer ou les nuages qui glissent dans le ciel. 

Ce qui est propre à l’hypnose c’est qu’elle n’est pas un effet difficile à obtenir et que un.e praticien.ne bien formé.e et avec une déontologie nécessaire à son exercice, peut débloquer des situations que l’esprit conscient n’arrive pas à résoudre.

Sur quoi repose donc cette magie ?

L’hypnose se base sur le respect
Au contraire de l’hypnose de spectacle, l’hypnose thérapeutique se base la représentation du monde de l’autre. Celui ou celle qui souhaite être accompagné.e par l’hypnose se voit être compris.e et accepté.e. Il n’y a pas lieu de critiquer une vision du monde mais seulement d’ouvrir le chemin de la solution à un problème.

L’hypnose est non-contraignante 
A partir du moment où le respect de l’autre est inconditionnel, il s’agit de suggérer que ce qui est demandé, en accord avec ce qui est recherché et jamais au-delà. Si une personne ne se sent pas à l’aise avec une suggestion, elle aura toujours la possibilité d’arrêter ce qui ne va pas et dire ce qui lui convient. L’idée que quelqu’un en état d’hypnose est dépossédé de ses moyens provient des mêmes mobiles que les malheureuses séances publiques de Charcot.

L’hypnose est un processus actif
La représentation de l’hypnose est celle d'une personne endormie un peu passive. Or, il n’en est rien. Non seulement, cela peut se faire les yeux grands ouverts (l’hypnose conversationnelle), mais même avec les paupières closes, la personne ne perd pas le contact avec l’extérieur, elle écoute les suggestions énoncées. La plupart du temps, celles-ci sont "sans contenu", c’est-à-dire, sans indications de fond précises. L’hypnose est une invitation à faire un parcours de changement mental, dont le rôle de l’imagination est central. Dans un processus hypnotique, c’est à la personne de construire ses propres solutions d’après les ressources qui lui sont accessibles dans l’inconscient.

L’hypnose est joyeuse et fait du bien
La plupart du temps, à la fin d’une séance d’hypnose, les personnes se sentent revigorées, pleines d’énergie et optimistes. C’est normal, l’état hypnotique est propice à la reproduction de nouvelles cellules. Ce demi-sommeil c’est non seulement l’entrée du monde inconscient de l’esprit mais également celui du la réparation du corps. C’est ainsi que, par exemple, Bertrand Piccard a pu faire le tour du monde en montgolfière car ses pauses de repos étaient celles d’une bonne séance d’auto-hypnose.

 

L’hypnose est très souvent utilisée par des professionnels de la relation d’aide (psychothérapeutes, coachs, médecins, sophrologues, etc ) car elle permet de favoriser des changements au niveau inconscient de manière plus rapide et efficace.

Le CFIP offre deux niveaux de formation : le Technicien et le Praticien. Les deux niveaux sont reconnus par la World Hypnosis Federation (WHO).